Autopsie de Ramsès II : 3 secrets levés sur son dossier médical

Par Julien HYARDET
Sommaire
110 ans, le terme d’une vie heureuse
Pour les Égyptiens, la vie devrait durer jusqu’ à 110 ans. Pourquoi 110 ans ? Mystère.
Les historiens considèrent ce chiffre comme totalement arbitraire : récompense ou formule de politesse zélée et bien sucrée pour personnes âgées ou pour soi-même ? « Puisses-tu vivre 110 ans sur terre, tes membres restant vigoureux ! »
Si les Égyptiens se préparent à la vie post-mortem, ils veulent tout de même vivre longtemps, si possible comblés d’honneurs et de largesses de leur vivant (enfin, ceux qui peuvent…). Leur vanité est aussi flattée à l’idée des funérailles somptueuses qui les attendent.
Mais à cette époque, sur les rives du Nil, on est loin d’atteindre une telle longévité, même pour Ramsès II. Plus encore si on est né du mauvais côté… du manche.
Les plus nantis, beaucoup trop sédentaires, ont les artères coronaires bouchées de cholestérol. Les pauvres, éreintés par le travail, affreusement stressés et affamés, ont des conditions de vie tellement dégradées qu’ils basculent dans l’au-delà avant la mi-temps.
Quelle perspective, alors ?
La momification est le passage obligé pour que l’âme réintègre le corps et redonne ainsi un souffle de vie. Forts d’une croyance absolue en la vie après la mort, tous investissent leur richesse dans leur future momie, sarcophage ou temple. Sauf évidemment les classes sociales inférieures, qui ne peuvent prétendre qu’à être lavées et ensevelies dans le désert. Pour les autres, le prix payé pour des bandelettes de qualité achète la pérennité de leur vie éternelle.
Ramsès II, la vigueur dans le sang
En Égypte ancienne, la vieillesse est une étape valorisée pour la sagesse et l’expérience. Mais rares sont les Égyptiens antiques qui atteignent le véritable grand âge. En moyenne, le passage dans l’au-delà se situe vers 40 ans.
Le souverain décède à plus de 80 ans, un âge tout à faire remarquable, après une vie de conquêtes impressionnantes. Il a la folie des grandeurs et ne manque pas de vigueur. Redoutable guerrier, bâtisseur d’imposants monuments comme le fameux temple d’Abou Simbel, il est aussi père de 126 enfants, amant de 200 concubines, époux d’une douzaine de femmes, dont la moitié ses filles, selon la coutume.
3 graves soucis de santé à un âge avancé
La médecine est bien développée dans l’Égypte ancienne. Les spécialités médicales sont nombreuses et précises comme l’attestent les nombreux écrits retrouvés.
Ophtalmo, gastro-entérologue, dentiste, proctologue (ou neru phuyt, le “berger de l’anus”), gynécologue, boucher-chirurgien ou autre “inspecteur des liquides” exercent dans les ancêtres des maisons de santé que nous connaissons aujourd’hui.
Malgré cette médecine apparemment sophistiquée, quasi personne ne meurt en bonne santé. Encore moins Ramsès II, qui présente des pathologies fréquentes à son âge avancé. Les Égyptiens disposent d’une pharmacopée mais surtout de formules magiques. Ramsès II n’a pas eu accès à la prévention pour bien vieillir sans médicaments, on s’en doute…
Une sacrée parodontite
Son état bucco-dentaire est extrêmement dégradé : caries, dents perdues, stigmates d’inflammation des gencives sur plusieurs molaires, traces d’alvéolite touchant les incisives et les canines.
Aujourd’hui, la prévention, des prothèses et des implants auraient été réalisés pour éviter et traiter une aussi grave parodontite. Contrairement aux rumeurs, les dentistes égyptiens n’ont pas inventé les dentiers.
Une maladie chronique redoutable
Ramsès II a, semble t-il, de très gros soucis de mobilité. Quasi bossu, sa colonne vertébrale, son bassin, ses côtes, les articulations de ses membres inférieurs souffrent certainement de spondylarthrite ankylosante. Une sérieuse lordose cervicale cambre sa colonne au niveau du cou et l’empêche de relever la tête. Pour preuve, des fractures visibles aux vertèbres sont probablement dues aux tentatives des embaumeurs pour l’allonger dans une position adéquate au sarcophage.
À notre époque, cette maladie donne lieu à une prise en charge globale qui freine l’enraidissement du corps, lutte contre la douleur et améliore la qualité de vie.
Des artères endurcies
Ramsès II semble atteint des maux habituels du vieillissement. Notamment de troubles vasculaires. Il souffre d’artériosclérose. Ses artères iliaque, une artère profonde de l’abdomen, et fémorale sont recouvertes d’un dépôt de calcium qui entraine leur durcissement et leur épaississement.
Le traitement de cette maladie se base, de nos jours, d’abord sur l’activité physique et un rééquilibrage alimentaire. En cas d’échec, un traitement médicamenteux est envisagé.
Pour finir, Ramsès II est probablement perclus d’arthrose. L’activité physique à cette époque ne concernait pas tout le monde… surtout pas les rois. Aujourd’hui, Charles III d’Angleterre ne fait pas de son collègue Ramsès un modèle du bien vieillir !
Enseignements de l'autopsie de Ramsès II
Les recherches pour comprendre l’origine exacte de la mort de Ramsès II n’ont mené à rien et à ce jour, il a emporté ce mystère dans l’au-delà.
Mort naturelle due au grand-âge ? Décès lié à ses nombreuses pathologies (au choix : attaque, infarctus, infection dentaire, effet indirect de sa spondylarthrite) ?
Aucune réponse à cette question ne fait consensus auprès des spécialistes. Il se murmure même (à tort) qu’il aurait été assassiné durant son sommeil. Affaire à suivre… En attendant, prenez soin de vous !
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Par Julien HYARDET
Coach Santé, Sport et Bien-être
Ancien rugbyman professionnel, je suis aujourd’hui au service de votre santé et de votre bien-être.
Et j’ai constaté une chose : ce n’est pas l’âge qui compte, mais bel et bien la forme physique et mentale !


