100 jours pour un projet : formule gagnante ou défi hasardeux ?
Par Julien HYARDET
Sommaire
Pourquoi un tel engouement pour les 100 jours ?
Les références historiques
Napoléon a inauguré, malgré lui, le modèle des 100 jours.
Ce fut le temps laissé à l’Empereur, revenu d’exil, pour abdiquer après sa mémorable et douloureuse défaite de Waterloo. Il n’avait pas ce projet évidemment. Dans son cas, ” les 100 jours “ restent en mémoire comme le décompte de la courte durée de son second règne avant son exil à Saint Hélène.
En 1933, Franklin Roosevelt met en place le New Deal, un vaste programme de réformes pour lutter contre les conséquences de la crise de 29. Pour lui, ça fonctionne ! À la radio, il se félicite de son bon bilan après 3 mois ou à peu près 100 jours.
À partir de là, en politique, les 100 jours sont associés à une réussite express et à la capacité d’imprimer une nouvelle empreinte rapidement.
Le monde économique s’appuie aussi sur cette norme. Les entreprises (d’une certaine taille) ont pris l’habitude d’accorder à leurs nouvelles recrues 3 mois d’étonnement et de questions avant les choses sérieuses. Scruté(e)s de toutes parts et par tous, le bien-fondé de leur profil évalué, leurs chances et déveines probabilisées, les postulant(e)s ont 100 jours pour prendre leurs marques et être confirmé(e)s… ou pas.
L’influence numérologique
Selon les inconditionnels de la numérologie, le nombre 100 est riche de symboles.
Il se compose du chiffre 1 qui représente la création réalisée et du 0, la source, la volonté créatrice. Du coup, il évoque la complétude, l’intégrité, la perfection cosmique, l’éveil, le retour à l’unité. Il signifie aussi l’aboutissement, la fin d’un cycle. Autant dire qu’il est porteur d’une image, consciente ou inconsciente, très enviable et mémorisable. Il est tout rond, on pense que le compte est bon.
Les défis thématiques
Lilou Macé est une autrice et journaliste française spécialisée dans le bien-être. Elle a cofondé et lancé « les défis des 100 jours » en 2006.
Ces challenges de développement personnel aident à se motiver pour faire quelque chose en 100 jours. Connaitre la théorie est la première moitié du parcours, passer à l’action la seconde partie.
Avec et selon cette approche, on peut s’attendre à un véritable changement. Car ce « nombre magique » serait le temps nécessaire pour qu’une habitude, acquise en 21 jours, s’imprime positivement et définitivement dans le mode de vie.
Les défis des 100 jours connaissent un succès phénoménal. Lilou Macé invite sur sa chaine YouTube à devenir « magicien et magicienne de sa vie » grâce à sa collection de défis des 100 jours. Un filon inépuisable (vente de livres et de cahiers d’exercices) que d’autres se sont aussi appropriés. Taper défis des 100 jours sur Google et une myriade de propositions s’affiche pour tous les goûts.
Est-ce que les défis de 100 jours donnent des résultats ? Oui, si l’on s’en tient aux témoignages élogieux de réussite sur internet. Mais dans le cas contraire, cacher que ses 100 jours de défi ressemblent à la défaite de Waterloo est bien compréhensible.
Est-ce vraiment le meilleur calcul ?
À propos des 100 jours pour un projet, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, selon la formule consacrée.
Rien de plus normal et salutaire que de vouloir changer un aspect de son existence. Agir donne un sentiment de contrôle et de maîtrise.
Mais envisager un changement trop radical en une durée précise est parfois présomptueux et décevant. Devons-nous adhérer à la pression de l’urgence, symbolisée par les 100 jours ?
7 pistes de réflexion pour réussir son projet
- Suivre un modèle et utiliser une batterie d’outils est rassurant mais incomplet. Car la personne qui souhaite évoluer doit, au préalable, reconnaitre si elle joue un rôle dans l’insatisfaction qui la pousse à vouloir changer. Ainsi, corriger ou réajuster des faiblesses personnelles peut faciliter l’atteinte de son défi. Ce qui peut demander un certain temps.
- Motivation, cohérence et régularité sont plus importantes que la vitesse pour changer quelque chose.
- Quelques petits changements peuvent avoir un effet plus durable que de batailler pour la situation idéale.
- Se méfier des oppositions sans nuance et de la pensée « tout ou rien ». Arriver à changer diamétralement quelque chose ne garantit pas forcément joie et félicité. En vérité, nos choix sont des compromis car on abandonne toujours quelque chose au profit d’autre chose.
- Poursuivre un idéal peut se révéler frustrant. Trop loin de soi, on peut remettre tout changement au lendemain. Alors que des évolutions plus modestes sont souvent plus efficaces.
- Rien ne sert de creuser les causes d’un problème. Penser en termes de solutions dégage une meilleure énergie. Prendre conscience qu’une petite chose va bien et pourrait être développée a plus de chance d’aboutir.
- Ne pas craindre de commencer petit. Certaines personnes ont peur de manquer d’ambition, de paraitre timorées et de ne pas satisfaire leur désir profond. Or, il est possible de prendre des voies plus modestes pour arriver au même résultat.
Une précaution à prendre avec l’échéance
La question du temps imparti pour réaliser un changement fait débat. Plusieurs avis divergent :
- chacun son rythme,
- le changement accéléré (type 100 jours),
- le grand saut (direct bassin olympique pour apprendre à nager).
Le discours de la société valorise la capacité à changer rapidement. Certaines personnes trouvent même un stimulant dans le changement.
Se forcer à une coupure brutale, en revanche, fait peur et risque d’occasionner plus de dégâts qu’autre chose.
Cela a facilité la banalisation des 100 jours dans de nombreux domaines.
Est-ce que c’est trop long ? Ça dépend car ce délai ne convient pas forcément à tous les challenges ni à tout le monde.
Il est essentiel de respecter le rythme de chacun, car un cheminement intérieur, dont la durée est inconnue d’avance, est souvent nécessaire pour faire avancer le défi.
Il n’y a pas de honte à donner du temps au temps, au-delà des 100 jours.
En bonus, 8 défis du quotidien simples et utiles
- Ne vous laissez pas engluer par les problèmes : même si c’est difficile, cherchez une contrepartie positive à ceux-ci et essayez de réfléchir à une solution (se sentir actif rend plus fort),
- Bougez : motivez-vous pour 30 minutes journalières d’activité physique, tellement bénéfiques à la santé et au bien-être,
- Modifiez votre une alimentation : apprenez à vous nourrir de façon saine et équilibrée, vous allez vous affiner,
- Essayez : ne prenez ni le risque d’un changement radical, ni celui de ne rien faire. Quand vous pouvez, testez sans engagement ce que vous voulez changer,
- Récompensez-vous : savourez vos progrès ou une étape franchie, offrez-vous une petite récompense en rapport avec votre objectif, vous aurez envie de persévérer,
- Reconnaissez vos qualités physiques et psychologiques : cultivez-les, valorisez-les, ayez confiance en vous, au lieu de vous focaliser sur vos faiblesses et vos défauts,
- Souriez : la plupart du temps, vous recevrez un sourire en retour et du baume au cœur. L’Abbé Pierre disait : « un sourire coûte moins cher que l’électricité mais procure autant de lumière »,
- Appréciez les personnes et les choses belles, surprenantes, amusantes autour de vous : votre environnement vous semblera plus attrayant et vous aurez plus d’entrain.
Par Julien HYARDET
Coach Santé, Sport et Bien-être
Ancien rugbyman professionnel, je suis aujourd’hui au service de votre santé et de votre bien-être.
Et j’ai constaté une chose : ce n’est pas l’âge qui compte, mais bel et bien la forme physique et mentale !