Bien vieillir sans médicaments : arrêtez d’avaler la pilule !
Par Julien HYARDET
Publié le 25 mars 2023, mis à jour le 2 avril 2023.
Oui plutôt ! Bien vieillir sans médicaments ? Mais c’est impossible, les gens vivent plus longtemps mais sous médocs ! Ce que confirme en 2017 le magazine 60 millions de consommateurs : les plus de 65 ans prennent de 7 à 14 médicaments par jour, surtout à partir de 80 ans.
Pourtant, 3 choses importantes sont à savoir :
- La médication est utile mais n’a pas que des effets positifs.
- L’hygiène de vie constitue une alternative ou un adjuvant à certains traitements médicamenteux.
- Faire bon usage de sa boite à pharmacie impose de prendre des précautions indispensables.
Dans la suite de l’article, des clés importantes pour être en bonne santé : éviter, limiter, optimiser la prise de médicaments.
Sommaire
Pourquoi éviter de prendre des médicaments ?
Le Docteur Christophe Jaeger, spécialiste du vieillissement, est formel : l’art de la longévité est de savoir vieillir en bonne santé, sans médication. Auteur du livre et best-seller “Bien Vieillir sans médicament”, il déplore, dans un interview à l’Institut de prévention-santé-longévité, que l’espérance de vie augmente grâce à la béquille des traitements.
Qui ont été longtemps champions de la prise de médicaments ? Les Français… Mais ils sont maintenant rentrés dans le rang européen : 44 % d’entre eux et 76 % des plus de 70 ans en avalent chaque jour, selon une enquête du magazine “ÇA M’INTÉRESSE” d’avril 2022. De quoi faire dresser les cheveux du Docteur Christophe Jaeger dont la vision est tout autre.
À son avis, il est indispensable de promouvoir la médecine préventive pour repousser les risques de maladies durant le vieillissement. Car celles-ci impliquent très souvent la prise de médicaments.
Ces substances, loin d’être anodines, causent en France à peu près 10 000 décès par an, pour la majeure partie passés 65 ans. Les médicaments soignent mais interfèrent aussi avec le fonctionnement normal des cellules et perturbent la chimie naturelle du corps.
Une prise prolongée peut :
- endommager l’immunité, favoriser certaines maladies et réduire la résistance de l’organisme,
- développer des troubles gastro-intestinaux et rénaux (comme le paracétamol), réduire la capacité du corps à bien absorber les nutriments et à éliminer les déchets organiques,
- entraîner des malformations cellulaires à l’origine de cancers.
La probabilité de consommer des médicaments est influencée par le vieillissement mais pas par l’âge. Certaines personnes âgées vivent sans jamais en prendre : elles n’en ont pas besoin et leur organisme reste relativement jeune. C’est une chance car le foie et les reins, chargés de filtrer les déchets, sont moins efficaces que durant la jeunesse. La difficulté à évacuer les résidus médicamenteux peut augmenter le risque de surdosage, Et ce surdosage peut développer des effets secondaires.
Qu'est ce qui se joue parfois avec les médicaments ?
Le rapport aux médicaments varie selon les individus et est parfois ambigu. Les accros en réclament à leur médecin pour se rassurer. Alors que d’autres patients font une aversion à leur traitement et décident de l’abandonner.
Accro aux médicaments
En France, traditionnellement, les médicaments sont encore une réponse un peu automatique à la complexité des troubles de santé au sens large, rencontrés dans l’avancée en âge.
Une personne inquiète peut être tentée de consulter plusieurs praticiens qui prescrivent chacun des médicaments, sans connaitre l’existence de la consultation précédente. La crainte de voir son état de santé s’aggraver peut aussi expliquer la prise de médicaments au delà de la prescription ainsi que l’auto médication.
Lors du passage à la retraite et de la perte de statut professionnel, certains retrouvent une position sociale en prenant l’identité “malade”. De plus, les générations qui ont connu l’apparition de traitements efficaces en ont une image très positive.
La solitude, enfin, peut aussi conduire plus souvent chez le médecin même si un médicament n’est pas la bonne réponse au déficit de lien social.
Ras le bol des traitements
À l’autre extrême, il arrive que certaines personnes arrêtent brutalement leur traitement. Ce qui peut être dangereux.
Inconfort, colère, détresse, plaisir de désobéir ? Conduite à risque ou la pensée magique qu’arrêter le traitement permettra de guérir ?
Naturellement, il est toujours recommandé d’en discuter avec son médecin. Si un patient met sa vie en danger, le code de santé impose au praticien de tout tenter pour le convaincre de se soigner. Mais il doit aussi étudier toutes les options possibles afin de proposer une meilleure solution.
Effet placebo
C’est un sujet dont on parle peu… Certains patients réagissent très bien aux médicaments placébo, sans principe actif. Le simple fait de prendre un médicament, même faux, suffit pour les aider à guérir.
Mais tout le monde ne réagit pas de la même façon aux placébos. Les chercheurs ont identifié que des malades, atteints de pathologies spécifiques, possédant aussi certains facteurs génétiques, sont susceptibles de répondre positivement à de faux médicaments.
Si ces facteurs sont élucidés, la question d’utiliser ou non une information génétique ou personnelle pour prescrire des médicaments inactifs, efficaces et donc inoffensifs, sera posée.
Ce qui ne sera pas forcément du goût des laboratoires pharmaceutiques…
Comment bien vieillir sans médicaments ou limiter leur usage ?
« Alimentation, supplémentation en vitamines et en hormones si carences constatées, pratique de l’exercice physique, et différentes prescriptions au cas où un organe serait atteint d’un vieillissement trop prématuré »Quand un trouble de santé épisodique se manifeste, les médicaments ont bien sûr leur rôle à jouer. Le problème, ce sont les maladies chroniques, plus fréquentes avec le vieillissement. Pour s’en préserver, les ralentir et moins en souffrir, l’activité physique est le remède le plus naturel qui soit, conseillé également en complément ou avec une diminution des traitements.
Bouger renforce les défenses de l'organisme
L’activité physique préserve le cœur, régule le métabolisme, prévient le risque de certains cancers et entretient la force, la stabilité et la mobilité. Elle permet aussi de réduire le stress, diminuer les douleurs, renforcer les os, les muscles et les articulations, contrer les molécules pro-inflammatoires, stimuler les défenses immunitaires, aider à contrôler le poids.
L'exercice conseillé pour diminuer certains traitements
C’est particulièrement le cas du diabète de type 2, car l’activité physique agit sur tous les paramètres de la maladie, responsables de complications. Pratiquée régulièrement, elle peut parfois être aussi efficace que le médicament de référence, sans ses effets indésirables. Elle est souvent prescrite dès le diagnostic et la médication intervient alors seulement si les résultats de la glycémie sont insuffisants.
L’exercice est aussi un traitement à part entière des pathologies cardiovasculaires. En effet, les exercices d’endurance sont particulièrement efficaces. Plus élevée la capacité de maintenir un effort physique, plus le risque cardiovasculaire diminue. Pratiquer 3 séances de 40 minutes de renforcement musculaire et d’endurance à intensité modérée est le meilleur remède naturel.
Bien s'alimenter et canaliser le stress
Comme l’activité physique, l’influence de l’alimentation sur le capital santé n’est plus à démontrer.
Les aliments industriels, l’excès de sucre, de graisses et d’alcool sont à l’origine, ou empirent, certaines maladies chroniques. Modifier son alimentation peut éviter et réduire la prise de médicaments.
La méditation a également des bénéfices tangibles. Elle mobilise le système autonome parasympathique, source de calme. Si elle ne peut remplacer les traitements chimiques en cas de dépression sévère, elle aide à réduire le stress et l’anxiété, fréquents avec le vieillissement, à l’origine ou aggravant les maladies cardiovasculaires. La pratique des arts, de loisirs créatifs ou de jeux ont des effets similaires contre le stress, en plus de prévenir les maladies cérébrales.
Comment faire bon usage des médicaments ?
Des risques iatrogéniques souvent évitables
La “iatrogénie médicamenteuse” désigne les conséquences sur la santé d’un mauvais usage des prescriptions. Ses risques sont bien identifiés :
- Prise irrégulière, mauvais horaire,
- Interaction entre différents médicaments,
- Détérioration du médicament par les sucs salivaires (sous dosage) ou libération d’une dose prévue pour être libérée en plusieurs heures (sur dosage) si on le croque, le mâche, ou l’écrase,
- Association à des aliments et de l’alcool qui modifient l’action du médicament,
- Non respect de la date de péremption.
Dans le système de santé, le pharmacien est le responsable des médicaments. Les personnes de +65 ans, prenant plusieurs médicaments pour une affection longue durée, ou de +75 ans, peuvent demander un bilan de médication, financé par l’Assurance Maladie.
Des conseils pour bien prendre vos médicaments
- Être transparent avec votre médecin sur les traitements prescrits par ses confrères et sur les médicaments pris simultanément,
- Respecter les ordonnances et les conseils alimentaires, ne pas cacher au praticien le non suivi de la prescription, poser toutes les questions,
- Signaler les effets secondaires ressentis,
- ne pas utiliser le médicament d’une autre personne ou changer de marque,
- Lire la notice,
- Utiliser un pilulier,
- Respecter les examens de suivi et les analyses.
Dernier conseil : discuter votre son médecin de toute possibilité de dé-prescription totale ou progressive. De nombreuses expériences semblent prouver que cela est possible, avec des conséquences très positives comme, par exemple, la diminution du risque de chute parfois causé par un médicament tel qu’un somnifère, hypertenseur ou diurétique.
Bouger, bien s’alimenter, gérer son stress, simple à faire, n’est-ce pas ? Pour autant, cette hygiène de vie équilibrée est parfois vécue comme une corvée, une contrainte, une privation des joies de la vie.
Alors que c’est la chance de bien vieillir sans médicaments, de repousser les problèmes de santé et de limiter sa consommation de médocs. Trop de maladies chroniques, traitées par la médication, ont un rapport avec une hygiène de vie déséquilibrée qu’il est toujours possible d’améliorer. Sans se culpabiliser.
Comment prenez-vous soin de la vôtre ? Que pourriez-vous changer pour alléger votre boite à pharmacie ?
À lire également
Par Julien HYARDET
Coach Santé, Sport et Bien-être
Ancien rugbyman professionnel, je suis aujourd’hui au service de votre santé et de votre bien-être.
Et j’ai constaté une chose : ce n’est pas l’âge qui compte, mais bel et bien la forme physique et mentale !